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Brigitte

Témoignage

Femme,  34 ans

Photo prise par la photographe Frédérique Blais-Pouliot

Brigitte Therrien est une jeune femme de 34 ans présentant le trouble développemental du langage (TDL), anciennement appelé Dysphasie.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle n’a pas reçu son diagnostic pendant l’enfance, mais plutôt à l’âge de 32 ans. Un diagnostic aussi tardif aura malheureusement eu des répercussions dans bien des sphères de sa vie, notamment sur son parcours scolaire ainsi que sur le développement de son estime de soi.

Les difficultés d’expression et de compréhension vécues par Brigitte ont été remarquées par le personnel scolaire au cours de son primaire, si bien qu’elle a eu droit à l’aide d’un orthophoniste et d’un orthopédagogue de la maternelle à la quatrième année du primaire. Elle n’a toutefois pas reçu de diagnostic à l’époque, et les services ont pris fin lorsque l’école a jugé qu’elle n’avait plus besoin d’aide en raison de son âge. Brigitte déplore cet arrêt de services, et avec raison, car ses difficultés n’allaient pas disparaître par magie. On ne guérit pas d’un TDL, puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie, mais les personnes peuvent apprendre à bien vivre avec ce trouble si elles reçoivent le soutien et les ressources adaptées.

Brigitte a vécu beaucoup d’intimidation pendant son parcours scolaire et elle avait du mal à se faire des amis. Au secondaire, elle a été placée en cheminement particulier, sans toutefois recevoir l’aide d’un orthophoniste ni d’un orthopédagogue. Puisqu’elle n’avait pas encore reçu son diagnostic de TDL, qui viendra malheureusement beaucoup plus tard, les mesures prises par le système scolaire pour lui venir en aide n’étaient pas adaptées à sa situation.

Réussite professionnelle

Brigitte est fière d’avoir réussi plusieurs formations à l’école hôtelière de la Capitale. Elle a travaillé dans le domaine de la restauration pendant dix ans, de l’âge de 16 à 26 ans. Les longues semaines de travail et le stress l’ont toutefois amenée à se remettre en question.

À l’âge de 26 ans, Brigitte n’avait toujours pas eu la chance qu’un professionnel mette des mots sur ses difficultés et lui explique pourquoi elle ne peut pas faire plus d’une tâche à la fois et pourquoi elle a besoin de repères visuels pour bien comprendre ce qu’elle doit faire. On peut imaginer les conséquences de ce manque de soutien et d’explications sur son estime d’elle et sur son épanouissement professionnel.

En quête de trouver sa place, elle décide à l’âge de 26 ans de faire appel à de l’aide professionnelle pour orienter sa carrière. Le test qu’elle effectue fait ressortir un intérêt et des forces en comptabilité. Puisque Brigitte ne sait pas qu’elle vit avec le TDL et qu’elle n’a pas reçu de soutien pour apprendre à connaître ses limites et ses capacités relativement à son trouble de langage, elle suit les recommandations du professionnel qui lui suggère d’aller travailler en comptabilité, selon le test qu’elle a effectué. Malheureusement, elle découvrira plus tard que ce milieu où il faut travailler vite, rigoureusement et en faisant plus d’une tâche à la fois ne lui convient pas et n’est pas adapté à ses difficultés.

Grâce à des professionnels dévoués dans le milieu de formation qu’elle a fréquenté, Brigitte a réussi malgré tout à obtenir son diplôme en comptabilité, avec un délai supplémentaire d’un an pour y parvenir. Elle comprenait bien la matière, elle avait tout simplement besoin de plus de temps que les autres pour y arriver. Comme Brigitte a besoin de travailler dans un environnement calme où elle peut faire une tâche à la fois, elle n’a pas trouvé sa place dans ce domaine une fois son diplôme en poche. Ce fut un autre coup dur pour son estime d’elle.

Par la suite, Brigitte a eu d’autres expériences de travail, dont plusieurs années de bénévolat ainsi qu’un emploi dans une entreprise qu’elle a beaucoup apprécié. Lorsque son employeur s’intéresse à elle et tente de comprendre sa réalité et ses difficultés, elle se sent acceptée comme elle est et cela facilite grandement son intégration et son épanouissement professionnel et personnel. À l’inverse, des explications trop techniques, un débit de parole rapide, un manque de repères visuels et un environnement stressant sont des éléments nuisibles au bon fonctionnement de Brigitte dans un milieu de travail.

Brigitte est une personne motivée et travaillante, mais le fait que son handicap soit invisible nuit à son maintien en emploi si son employeur n’est pas sensibilisé et ouvert à ses difficultés. Si elle n’avait qu’un conseil à donner, ce serait de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide de professionnels qui connaissent le TDL. Elle apprécie énormément le soutien qu’elle reçoit d’une intervenante du CLSC.

Brigitte souhaite aider les gens par son témoignage et leur donner espoir. Elle avoue qu’il y a des journées plus difficiles que d’autres, et que c’est pour cette raison qu’il est souhaitable d’avoir de l’aide professionnelle. Elle termine en disant que c’est important de se renseigner sur son diagnostic. C’est à partir du moment où elle a lu les informations de Dysphasie Québec sur le TDL qu’elle a appris à mieux se connaître et à s’accepter.

Un grand merci à Brigitte Therrien pour son témoignage!